Commander ou obéir ?

 

Ici, nous avons l’habitude de penser que le commandement et la soumission sont des styles de comportement mutuellement exclusifs. Celui qui commande ne se soumet pas, et celui qui se soumet ne commande pas. On rencontre souvent toutes sortes de tests psychologiques pour déterminer si vous êtes un leader ou un subordonné. On considère qu’il faut des psychotypes différents pour commander ou se soumettre. Nous aimons tous être des leaders et personne ne veut se soumettre. Le commandement, c’est la liberté, tandis que la soumission, c’est la dépendance. Eh bien, tout cela est complètement absurde. Pourquoi ?

Qu’est-ce que le commandement ? Le commandement, c’est donner des ordres aux subordonnés et contrôler en permanence l’exécution de ces ordres. Le commandement implique une totale irresponsabilité des subordonnés. « On ne peut compter sur personne », « tout le monde est un imbécile », « on ne peut faire confiance à personne », etc. (laissons de côté, pour l’instant, le commentaire qui s’impose sur ce que chacun pense selon son propre degré de dépravation. Tout est un peu plus complexe). Non seulement cela génère un stress constant, mais c’est aussi un excellent exemple de la différence entre l’objectif et la réalité. Dans une telle situation, le commandant dépend entièrement de ses subordonnés. Il n’est pas libre, bien qu’il aspire à l’inverse. Il ne peut même pas prendre de congé. Il reste plus longtemps que quiconque au travail, il n’a pas le temps pour quoi que ce soit, car il est occupé à vérifier ce que font ses subordonnés, à corriger leurs erreurs (ou, ce qui est plus amusant, à donner des instructions pour les corriger) et à transmettre de nouveaux ordres.

Tout commandant perçoit l’irresponsabilité de ses subordonnés comme un mal inévitable de sa position, et même dans ses pires cauchemars, il ne lui viendrait pas à l’esprit de rendre ses subordonnés responsables. D’une part, il ne croit pas que cela soit possible, et d’autre part, il ne sait tout simplement pas comment s’y prendre.

Alors, il s’avère qu’en aspirant à commander, nous aspirons à être soumis. Celui qui commande et celui qui obéit sont en réalité des personnes du même type, tout comme les policiers et les voleurs le sont. Le commandant dépend, et donc il est soumis.

Commander, c’est obéir.

Et regardez les gens qui promènent leurs chiens en laisse, sans faire confiance à leur animal. On voit clairement que c’est le chien qui mène la personne, et non l’inverse.

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