
L’homme est comme un oignon. Tous les oignons se ressemblent à l’extérieur. Une pelure dorée qui cache une chair juteuse. Ce n’est qu’en enlevant la pelure que l’on peut comprendre quel oignon on a entre les mains. Bon ou mauvais, entier ou vermoulu, ferme ou pourri. Pourtant, très peu de recruteurs et de personnes travaillant dans le recrutement comprennent cela et se contentent de la pelure dorée, sans vérifier l’oignon lui-même. L’entretien de recrutement se compose d’un ensemble de questions standard, auxquelles on attend des réponses standard. Nous avons même développé des systèmes de « e-recrutement », qui impliquent l’absence totale d’un intervieweur lors de la première étape de sélection des candidats.
Peu de gens sont capables de mener une interview de manière à ce qu’elle soit légèrement inconfortable pour l’interlocuteur. Inconfortable au point que la « vraie » personne se sente appréciée pour ce qu’elle est, tandis que la « personne corrompue » ressente un malaise de plus en plus grand. Les pelures et les couches de l’oignon ont en effet une analogie littérale.
Chaque entretien est un jeu de rôle. Le candidat joue le rôle d’une personne qu’il pense être adaptée à ce poste. Ses réponses aux questions seront teintées par le rôle qu’il incarne. C’est cette fameuse carapace dorée. Cependant, il suffit de creuser un peu plus pour découvrir la véritable personne :
— Comment avez-vous passé votre week-end ?
— Merci, ça va bien !
— Et comment se passent généralement vos week-ends ?
— ….
— Pourquoi cela ?
— Quelle université avez-vous fréquentée ?
— Et dans quelle spécialité ?
— Pourquoi avez-vous choisi cette spécialité ?
— Et comment comptiez-vous chercher un emploi après avoir terminé vos études ?
— Pouvez-vous partager un fait intéressant ou paradoxal de votre domaine professionnel ?
— Quel était le sujet de votre mémoire ? Pourquoi l’avez-vous choisi ? Que signifie pour vous ce diplôme ?
— Et si on vous proposait de changer une seule chose dans le système d’enseignement de votre spécialité, que feriez-vous ?
— Pourquoi avez-vous quitté votre précédent emploi ?
— ….
— C’est intéressant, qu’est-ce qui vous a poussé à penser cela ?
— ….
— Comment décririez-vous votre supérieur ?
— Avez-vous envisagé des possibilités d’évolution au sein de l’entreprise ? Pourquoi ?
— Et si on vous proposait de revenir dans l’entreprise et de la diriger, que feriez-vous en premier ?
Il ne faut jamais s’arrêter aux questions « pourquoi ». Il faut creuser de plus en plus profondément.
— Où avez-vous étudié ?
— À l’institut pédagogique.
— Pourquoi avez-vous postulé ?
— Je voulais devenir enseignant.
— Pourquoi vouliez-vous ?
— C’était intéressant.
— Merveilleux. Pouvez-vous me décrire le travail d’un enseignant tel que vous l’imaginiez dans vos rêves ?
— Et pourquoi cela vous tenait-il à cœur ?
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— Pourquoi ?
Nous retirons de l’homme une pelure après l’autre. Couche par couche, dévoilant les véritables motivations de ses actes et sortant du jeu de rôle. Les gens ne sont pas enclins à aller au-delà du deuxième « pourquoi ». C’est une caractéristique de notre esprit. Nous ne réalisons souvent même pas que nos connaissances sur le monde consistent souvent en des « pourquoi » en boucle et, en réalité, ne sont pas des connaissances, mais simplement des dentelles de mots. Pourquoi un papillon vole-t-il ? Parce qu’il bat des ailes. Et pourquoi a-t-il des ailes ? Pour voler. Ah…
D’autres réponses à « pourquoi », surtout à des niveaux profonds, montrent bien une personne sous un autre angle. Le motif de ses actions était une réaction au passé ou une planification de l’avenir. De telles questions révèlent également sur quoi la personne est orientée : sur ses propres jugements ou sur l’opinion des autres. En somme, la personnalité se dévoile, au lieu de se cacher derrière une coquille dorée. Cela est d’autant plus important pour vous si vous envisagez d’embaucher cette personne. En tant que leader, il est essentiel de connaître ses valeurs et ses motivations, n’est-ce pas ?
Voulez-vous connaître une personne ? Creusez le « pourquoi ». Le candidat que vous recherchez prendra plaisir à la conversation. Une personne démotivée et limitée sera hors de sa zone de confort, et vous le comprendrez par son attitude renfermée et ses réponses monosyllabiques, accompagnées de grognements indistincts. J’ai entendu des retours « en coulisses » sur moi en tant qu’intervieweur, comme étant un psychopathe anormal posant des questions stupides et hors sujet. Ces retours venaient de personnes qui se sentaient mal à l’aise lorsque l’on leur retirait leur pellicule dorée. Ces personnes, bien sûr, je ne les ai pas embauchées. Il est évident que cela semble étrange de l’extérieur lorsque l’on vous pose des questions « hors sujet ».делу.«, et puis ils refusent de»professionnelIl vaut mieux chercher un coupable à l’échec de l’entretien ailleurs que en soi 🙂 Ceux qui ont apprécié l’échange n’ont jamais regretté la conversation et, le plus souvent, sont restés travailler et, en général, ont réussi. Embaucher un « excellent spécialiste » qui, néanmoins, ne peut pas expliquer clairement, sans clichés, les raisons de son comportement, c’est comme acheter un chat qu’on vend délibérément dans un sac.