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Le tabou est le chemin le plus facile vers l’asservissement moral. Le système de tabous est le moyen le plus efficace de maintenir les masses dans l’obéissance. Grâce aux tabous, on peut amener une personne à réfléchir en permanence à la question « est-ce que je fais bien ? », en gardant constamment à l’esprit la source du tabou. Il n’existe pas de religion qui ne comporte des tabous. Il n’y a pas de régime politique qui ne possède des interdictions et des prescriptions infondées et illogiques. Plus le tabou est habilement instauré, plus le contrôle est précis. Le tabou sur la nourriture, le sexe, l’accomplissement d’autres besoins naturels — voilà ce à quoi s’emploient les fournisseurs de « l’opium du peuple ».
Chez les chrétiens, il semblerait qu’il n’y ait pas de tabous concernant la nourriture, cependant, il est nécessaire de prier avant de manger et il est conseillé de respecter le jeûne. Si tu pratiques une autre foi, tu dois être sûr que ta nourriture respecte les tabous. Elle doit être casher, halal ou védiques. Ce n’est pas un hasard si tout le film vegan « Le Livre de Cuisine » est consacré à l’éducation morale et éthique, et qu’il présente des « recettes » pour une bonne éducation.
Chez les chrétiens, la défécation est taboue. Chez les hindous, ce n’est pas le cas. Pour eux, « comme des petits chiens ». Mais chez nous, c’est seulement dans certains endroits et uniquement avec permission. Il faut demander la permission. À qui ? Au professeur : « Puis-je sortir de la classe ? », au serveur : « Où est-ce que vous avez ça ? » Pourquoi peut-on mâcher en public, mais pas uriner ?
Chez les chrétiens, le sexe est également fortement tabou. Le tabou se formule ainsi : « Seulement avec un partenaire officiellement autorisé, et seulement dans un lieu spécialement désigné, et uniquement dans le but de procréer. » Encore une fois, en Inde, cela est exprimé de manière un peu moins stricte. Et la Kamasutra en est la preuve.
Dans la société « démocratique » moderne le «privacy» est tabou Selon ce tabou, seules les autorités spécialement désignées peuvent tout savoir sur toi, mais pas le voisin.
Il s’avère que, si l’on suppose l’existence d’un certain niveau maximal de tabous acceptable pour l’homme, sans provoquer de révolte intérieure, ce niveau serait réparti de manière uniforme entre les besoins naturels. On peut baiser et déféquer sous les buissons — pas de problème, mais on ne mange que ce qu’on te dit. On peut manger ce qu’on veut — alors on défèque et on baise strictement dans le cadre de la coutume. Au fait, que dirais-tu de bâiller à l’église ou de bâiller sans couvrir ta bouche ?
La prise de conscience des raisons et des sources du tabou est un chemin vers la liberté. Mais il ne faut pas, sur ce chemin, s’inventer de nouveaux tabous. S’il y a de la viande dans l’assiette, c’est bien. S’il n’y en a pas, c’est encore mieux. C’est simple. Mais il ne faut pas renoncer à la nourriture pour des principes moraux élevés.