Qui a besoin de légitimité ?

La légitimité est un concept politico-juridique qui désigne l’attitude positive des habitants d’un pays, de grands groupes, de l’opinion publique, y compris étrangère, envers les institutions de pouvoir en place dans un État donné, ainsi que la reconnaissance de leur légitimité. Avant tout, la légitimité du pouvoir est nécessaire à ce même pouvoir. Cela permet d’économiser considérablement les ressources du bandit qui a pris le pouvoir.

En effet, si le peuple croit qu’il a en quelque sorte soutenu ce bandit, alors ce dernier a besoin de dépenser beaucoup moins de ressources pour maintenir son pouvoir. Moins de forces de police, moins d’armée, moins de services secrets, moins de gardes du corps et des cortèges plus courts. La légitimité d’un représentant du pouvoir se mesure facilement à la part du budget de l’État consacrée à sa protection.

Le maire de Londres se déplace à vélo, tandis que le président de Tchétchénie utilise 100 voitures. Et cela alors que Londres compte huit fois plus d’habitants que la Tchétchénie, et que Londres génère incomparablement plus d’argent que la Tchétchénie. Dès qu’un bandit acquiert une légitimité, c’est-à-dire la foi du peuple dans le droit du bandit à commander, il devient non seulement légitime à l’intérieur du pays, mais aussi une personne avec laquelle on peut traiter sur le plan international. Un bandit légitime sera soutenu par l’armée, ce qui signifie que l’armée protégera le bandit contre d’autres bandits.

Un bandit légitime sera une personne qui a de l’autorité et du poids dans le pays. Lorsque des campagnes électorales se déroulent aux États-Unis, des candidats à la présidence sont proposés lors des congrès des partis, et ils obtiennent le soutien de leurs camarades de parti. Ainsi, la légitimité est déjà présente chez les candidats eux-mêmes. Une partie significative de la société soutient sincèrement tel ou tel candidat. Dans l’ex-URSS, il n’existe pas de système de légitimation des candidats. Il n’y a pas un seul candidat à la présidence, ni lors des élections passées, ni lors de celles-ci, qui soit réellement soutenu par une partie significative de la population. Les gens ne votaient pas « pour » un candidat, mais « contre » une alternative encore plus détestable.

L’absence de légitimité électorale de Viktor Ianoukovitch a conduit à l’Euromaidan. Cependant, il est important de noter que l’émergence du Maïdan ne dépend pas des personnalités. Une candidate tout aussi illégitime était la femme à la tresse. Cela signifie que tôt ou tard, ou, compte tenu du manque de professionnalisme de Timochenko en tant que gestionnaire, plutôt tôt, le Maïdan aurait de toute façon eu lieu. Sur le terrain électoral dans l’ex-URSS, tous les candidats des campagnes électorales sont illégitimes. Ils n’ont pas, si l’on exclut la propagande, le soutien du peuple, ni même de leurs propres organisations publiques qui les auraient soi-disant désignés. Cela signifie que ceux qui se rendront aux bureaux de vote voteront à nouveau non pas pour, mais contre. Cela signifie qu’un « Maïdan » dans n’importe quel pays où la légitimation du candidat est absente est inévitable.

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