Des auteurs


En général, concernant notre entreprise littéraire collective, on nous pose des questions tout à fait légitimes, mais plutôt monotones : « Comment se fait-il que vous écriviez à deux ? »
Au début, nous répondions en détail, nous nous attardions sur les détails, nous racontions même une grande dispute qui avait éclaté à propos de la question suivante : fallait-il tuer le héros du roman « Les Douze Chaises », Ostap Bender, ou le laisser en vie ? Nous n’oublions pas de mentionner que le sort du héros a été décidé par un tirage au sort. Dans le sucrier, deux papiers avaient été placés, sur l’un d’eux, un crâne et deux os de poulet étaient dessinés d’une main tremblante. Le crâne a été tiré – et une demi-heure plus tard, le grand combinard n’était plus., il.a été coupé avec un rasoir.
Puis nous avons commencé à répondre de manière moins détaillée. Nous ne parlions plus de la dispute. Ensuite, nous avons cessé de nous attarder sur les détails. Et enfin, nous répondions complètement sans enthousiasme :
– Comment écrivons-nous à deux ? Eh bien, nous écrivons à deux. Comme les frères Goncourt.!.Edmond court d’édition en édition, tandis que Jules garde le manuscrit.чтоб.ne pas voler des connaissances.
Et soudain, l’uniformité des questions a été rompue.
– Dites-moi, – demanda un certain citoyen sévère.,.parmi ceux qui ont reconnu le pouvoir soviétique, quelques temps après l’Angleterre et un peu avant la Grèce, – dites-moi, pourquoi écrivez-vousdrôleQu’est-ce que c’est que ces rires pendant la période de reconstruction ? Vous êtes devenus fous ?
Après cela, illongtemps.il nous a convaincus que rire est nuisible en ce moment.
– Rire est un péché ! – disait-il. – Oui, on ne peut pas rire...Et il ne faut pas sourire ! Quand je vois cette nouvelle vie.и.ces changements, je n’ai pas envie de sourire, j’ai envie de prier !
– Mais nous ne faisons pas que rire, – avons-nous répliqué. – Notre objectif est –satire,satire précisément sur ces personnes qui ne comprennent pas la période reconstructive.
– La satire ne peut pas être drôle, dit un camarade sévère, et, prenant sous son bras un artisan baptiste qu’il avait pris pour un prolétaire à cent pour cent, il l’emmena chez lui.
Il a ordonné de décrire avec des mots ennuyeux, il a ordonné d’insérer dans
un roman en six volumes intitulé : « Et les parasites jamais ! »
Tout ce qui a été dit n’est pasinventionsOn pourrait inventer quelque chose de plus drôle.
Donnez à un tel citoyen allélui un peu de liberté, et il mettra même un voile sur des hommes, tout en se levant le matin…jusqu’au soiril jouera des hymnes et des psaumes à la trompette, considérant que c’est ainsi qu’il faut aider à la construction du socialisme.
Et tout le temps,À bientôt.Nous avons écrit « Le Veau d’or », et au-dessus de nous planait le visage d’un citoyen sévère.
– Et si ce chapitre s’avère drôle ? Que dira le citoyen strict ?
Et finalement, nous avons décidé :
a) écrire un roman qui soit, si possible, joyeux,
b) si un citoyen strict déclare à nouveau que la satire ne doit pas être drôle, – demander au procureur de la républiquet. Krylenkoattirermentionnéle citoyen à la responsabilité pénale en vertu de l’article
sanctionnant la négligence avec effraction.
I. Ilf, E. Petrov
